Comprendre, c’est la faculté d’un organisme à déceler et intégrer les liens de corrélations voire de causes à effets qu’il y a entre les divers phénomènes vécus. C’est la faculté de rendre le monde intelligible.
L’intelligence est cette faculté de comprendre. Elle est à distinguer de la faculté réflexive (observer ses propres états) d’une part, conceptualisante d’autre part (le raisonnement).
Parmi les espèces vivantes sur notre globe, un certain nombre manifestent de l’intelligence. L’humain dispose certes de cette faculté mais elle reste limitée et n’est pas également répartie entre les individus. Globalement, les humains ont plutôt du mal à comprendre !
A notre décharge, il faut dire que, au fur et à mesure que l’on comprend, on accède à de nouveaux champs d’expériences (tant à l’extérieur de nous qu’en nous-même) qui ajoutent autant de phénomènes nouveaux à rendre intelligibles !
L’intelligence peut mettre en jeu la conceptualisation et le raisonnement mais ce n’est pas un trait caractéristique de l’intelligence. En effet, les organisme vivants, dont l’humain, ont une intelligence intuitive, une capacité à comprendre sans raisonner. Lorsqu’une intuition est particulièrement intense, l’humain parle de révélation. La faculté de conceptualiser et raisonner est très utile pour augmenter la compréhension, d’une part en explicitant et formalisant ce qui jaillit de l’intuition, d’autre part en en prolongeant les limites et les possibilités.
Cependant, il faut rester vigilent vis-à-vis des fruits de l’intuition tout comme de ceux de la raison : ils ont tendance à intégrer les peurs et fantasmes de l’individu ou de la communauté. Ainsi, l’humain élabore facilement des superstitions, c’est-à-dire voit des liens de causes à effets là où il n’y en a pas. Les croyances doivent donc être examinées et confrontées à l’expérience par l’esprit critique : c’est le fondement de la démarche dite scientifique. Dans cette approche, le fait qu’une intuition ait été intense ne constitue en rien un critère de validité. Le fait qu’un raisonnement soit juste non plus : il peut s’appuyer sur des prémices (idées reçues, hypothèses,…) erronées. Le fait qu’une croyance perdure traditionnellement depuis des lustres n’est pas non plus un critère de validité. Enfin, le fait qu’elle soit affirmée par une autorité n’est pas un critère de validité.
Pourtant, on constate que les humains, même prétendument scientifiques, ont souvent du mal à remettre en question leurs croyances dés lors que leur confiance, leurs vies et leurs institutions reposent dessus.
Comprendre ne permet pas nécessairement de prévoir. Il arrive certes que l’on mette en lumière des liens remarquablement simples tels la relation entre l’accouplement et la naissance d’un enfant 9 mois après (depuis quand les humains ont-ils ’tiltés’ sur ce lien?). Plus près du présent, la loi de Newton concernant l’interaction gravitationnelle est une formule étonnamment simple.
Cependant, le plus souvent, on a affaire à des systèmes dynamiques complexes dont les évolutions futures ne peuvent être prévues que partiellement, dans la mesure où les configurations ont déjà été rencontrées. Lorsqu’un système évolue vers une configuration radicalement nouvelle, par exemple qui bascule dans un état jamais rencontré, on a alors affaire à son potentiel créatif, c’est à dire que rien de nos expériences et connaissances antérieures ne permettaient de pré-voir l’émergence d’un tel état.
Enfin, comprendre procure beaucoup de plaisir et un sentiment d’apaisement, à tel point que cette activité peut devenir un refuge pour un individu chez qui -comme moi- les autres activités humaines engendrent angoisses et frustrations. Pourtant, il m’apparaît de plus en plus clairement qu’accroître sa compréhension du monde ne permet pas de résoudre le sentiment d’anxiété. C’est important à… comprendre !
Quoiqu’il en soit, chercher à comprendre n’est-il pas une démarche bénéfique pour la condition humaine ?