Au 18ème siècle en occident, le médecin britannique James Lind a mis en évidence la capacité de certains aliments tels que le citron à remédier au scorbut chez les navigateurs au long cours. Auparavant, les chinois avaient développé des cultures de soja sur leur navires d’expédition : avaient-ils remarqué que les germes de soja protègent du scorbut ou bien le scorbut ne s’était-t-il jamais manifesté chez les navigateurs chinois justement parce qu’ils se nourrissaient de soja frais ?
Quoiqu’il en soit, il y a maintenant 80 ans que la formule chimique de la molécule active dans la prévention du scorbut a été établie (C6H8O6) et identifiée sous le nom formel d’acide ascorbique par le docteur Albert Szent-Györgyi (prix Nobel de médecine en 1937 pour cette découverte). Bien que ce composé ne soit pas une amine, le nom plus commun de « vitamine C » qui lui avait été donné avant d’en connaître la formule exacte a été conservé. Plus précisément, la vitamine C correspond à l’isomère dextrogyre de cet acide (noté L-ascorbique et non pas D-ascorbique qui, lui, désigne l’isomère… levogyre ).
Chez la plupart des mammifères, l’acide L-ascorbique est synthétisé par l’organisme. L’organisme ne pouvant pas stocker cette molécule, la synthèse est continue et ajustée selon les situations. En particulier, les situations de stress entraînent une plus forte consommation, donc synthèse, de vitamine C.
Il se trouve que, parmi les mammifères, seuls les humains, les grands primates et… les cochons d’inde, n’ont plus cette capacité de synthèse. Ils l’auraient perdue à la suite de mutations génétiques intervenues il y a plusieurs millions d’années (la même mutation, située à environ 40 millions d’années, pour la branche primates/humains, une autre pour les cochons d’inde).
Les primates assurent un apport en vitamine C par un régime alimentaire riche en fruits frais qui leur procure environ 10 g/j pour un individu de 70 kg. Pour les humains, le changement de mode de vie et d’alimentation à partir du néolithique s’est traduit par une baisse de l’apport en vitamine C. En particulier, la vitamine C ne résiste pas longtemps à l’air libre et ne supporte pas la cuisson.
Actuellement, les organismes de santé préconisent un apport de 60 à 100 mg/j de vitamine C. Si cette dose permet d’éviter les affections graves telles que le scorbut, elle reste très éloignée de celles ingérées par les grands primates ou synthétisées par les autres mammifères.
Dès les années 30 pourtant, le Dr. Albert Szent-Györkyi a suggéré l’intérêt d’apporter à l’organisme plusieurs grammes de cette molécule par jour. C’est d’autant moins un problème qu’on a rapidement su fabriquer cette molécule en quantité industrielle a très bas coût et qu’on ne lui connaît pas d’effet toxique. A partir de la fin des années 60, Linus Pauling (prix Nobel de chimie en 1954, prix Nobel de la paix en 1964) a consacré ses travaux à cette molécule et est devenu un promoteur majeur de son utilisation accrue. Il est intéressant d’observer, avec le recul, les campagnes diffamatoires qui ont alors été lancées à son encontre : cette période du XXème siècle était aussi celle de la mise au point, sous l’égide d’Edward Bernays, de techniques de public relations de plus en plus redoutables.
L’acide ascorbique tient de multiples rôles dans l’organisme. Il est en particulier est essentiel au bon fonctionnement du système immunitaire et au processus de synthèse du collagène.
En ce qui me concerne, depuis un an que j’assure un apport de 4 à 8 g/jour, j’ai constaté que je n’ai plus d’allergie au pollen. Côté rhume, j’ai ressenti à plusieurs reprise les signes de début de rhume mais sans prolongation des symptômes au-delà de quelques heures. [08/2014 : j’ai eu cet été un gros rhume vis-à-vis duquel la prise de vitamine C n’a rien changé ! Il a duré 8 jours puis a provoqué une sinusite…].
Sur le long terme, un apport suffisant en vitamine C préviendrait la formation de plaques de cholestérol dans les artères. En effet, ces plaques seraient produites dans les zones où les artères sont lésées, ceci afin de les renforcer lorsque la synthèse du collagène est insuffisante pour réparer les parois endommagées. Selon cette théorie, le déficit en vitamine C, et non pas le taux de « mauvais cholestérol » LDL, serait la cause de la formation de plaques et des maladies qui en résultent.
Notons que, dans un soucis de respect de l’environnement, on peut s’interroger quant au processus de production de l’acide ascorbique. Pour ce que j’en sais, il est synthétisé par des bactéries génétiquement modifiées, technique similaire à celle utilisée pour la production d’insuline de synthèse. Ces modes de production ont-ils des impacts négatifs sur l’écosystème ? je ne le sais pas.
Remarquons aussi que, contrairement aux insulines de synthèse qui n’existent pas sous forme générique malgré des décennies d’existence, transformant chaque individu ayant un diabète de type 1 en une « vache à lait » financière pour les laboratoires, l’acide ascorbique est un produit complètement libre de droits. Il est utilisé abondamment comme antioxydant dans l’industrie agroalimentaire (additif E300) et peut être acheté au détail pour environ 20€/kg.