J’ai assisté hier soir au débat organisé au Palais Brongniart pour l’ouverture des Etats généraux de l’économie sociale et solidaire. Quel bonheur d’entendre Claude Alphandéry, Stéphane Hessel et Edgar Morin exposer lucidement et sereinement leur appel à la résistance, leur conviction que des mouvements marginaux peuvent prendre de l’ampleur et conduire à un basculement de l’histoire, leur confiance dans la capacité des humains à générer une nouvelle forme de société sans pour autant avoir de modèle.
Tous trois ont pris une part active à la Résistance au cours de la seconde guerre mondiale et ont contribué, à l’issue de la guerre, à l’élaboration du programme du Conseil national de la Résistance.
Tous trois explicitaient hier comment ils se sentaient motivés par des sentiments similaires vis-à-vis de la situation politique, économique et sociale actuelle dont l’évolution traduit, sous une forme beaucoup plus sournoise qu’à l’époque, la montée d’un pouvoir occulte qui va en l’encontre de l’épanouissement des humains.
Je me sens particulièrement proche du regard d’Edgar Morin. En effet, j’ai découvert ce personnage il y a justement dix ans, dans le contexte de mes études sur les systèmes dynamiques complexes. En France, il était une des figures de proue de la réflexion autour de cette forme de conceptualisation. Phénomènes d’émergence, de percolation, de transition de phase… J’avais retrouvé en lui la perception que l’humanité était dans une phase de métamorphose, une transition éco-sociale concomitante à un déploiement de la conscience. Plus tard, j’avais beaucoup apprécié le documentaire Regards sur Edgar (2004) et, en 2007, le texte intitulé Soyons mystiques qu’il avait proposé dans Le Monde des Religions dédié aux mystiques.
J’ai eu plaisir à le retrouver là, hier, toujours vaillant, sachant remarquablement expliciter mais aussi agir en cohérence avec ses réflexions. Intègre.
J’ai noté sa remarque : « Nous avons perdu nos illusions mais nous n’avons pas perdu notre inspiration [ou intuition ?] « . Merci. 🙂